Tout est bien qui finit bien ! Une histoire de coronavirus…
Je vous raconte juste l’histoire de Philippe, le fiancé de ma fille habitant la banlieue bordelaise et venu voir sa fiancée sur le Bassin.
Le dimanche 15 mars, il repart donc en train avec son sac à dos et son portable totalement déchargé, il avait oublié son chargeur. En plus celui-ci lui demandait son code PUK qu’il n’avait pas sur lui, bien sûr… Il savait où le retrouver chez lui, à la maison.
Philippe est en temps normal très autonome, il habite seul un T2 dans une résidence à Pessac, il y a emménagé depuis peu, n’y connaît pas grand monde il fait ses repas et courses lui-même. Il est sous tutelle et a une aide à domicile pour son ménage ainsi qu’une personne qui tente de lui apprendre à lire et écrire. Ses parents sont décédés, son père il y a 2 ans, ce qui l’a beaucoup affecté. Avec ses 3 frères et sa sœur il n’a que peu de contacts, sauf depuis le décès de son père à cause de la vente de la maison familiale ou « pour signer des papiers ». Il est à l’aise dans les transports en commun, bus, tram bordelais car il a toujours vécu là, quoi que… il ne sait pas lire ni écrire et se débrouille avec la télé, les images, et visualise certaines infos en devinant et en les localisant par habitude. Il est aussi capable de poser une question, mais il le fait seulement si vraiment nécessaire, car il est timide et s’exprime de façon hésitante, pas toujours très claire, ce dont on ne s’aperçoit que lorsqu’il se trouve face à des inconnus. Pour tout arranger, il avait égaré sa carte bancaire.
Sur ce, le confinement ! Nous avons, nous aussi, été un peu déboussolés et n’avons pas tout de suite réagi quand nous tombions sur son répondeur. Mais au bout de 4 jours nous étions toujours sans nouvelles, le week-end était là, nous étions très inquiets et ne savions comment nous y prendre en ce début de confinement pour poser le problème ni à qui le poser. Philippe ne rentrait dans aucune case, et faire venir la police à son domicile l’aurait peut-être durablement traumatisé ou fait « monter sa tension »…. Heureusement le lundi il téléphonait, soulagé :
« la dame du foyer de son frère » (handicapé dans un centre de l’Adapei ) était venue en personne et avait rétabli son tél. OUF !
Pour la carte = l’argent, il fallait attendre…
La situation de confinement ne s’améliorait pas , bien au contraire, et Philippe était perdu, anxieux, et très isolé. Il ne se sentait pas en sécurité , il était prêt à quitter Pessac pour venir chez nous, et je décidais rapidement de braver le confinement pour aller le chercher !
Grosse émotion : nous étions contrôlés, mais la mention « assistance à personne vulnérable » sur mon autorisation de sortie nous donnait le feu vert ! Nous avions nos cartes d’identité, sa « carte orange » et nos masques. Parfait, les gendarmes eux, n’en avaient pas !
Depuis, tout va mieux, même s’il n’est pas tout à fait chez lui : il est confiné, mais avec un grand jardin à entretenir, et son frère et la dame de l’Adapei prennent des nouvelles régulièrement ! Pour la carte, on attend encore !
Merci à elle !
C’est tout de même incroyable que l’insistance et la lucidité de ce frère handicapé lui aient évité des problèmes qui auraient pu devenir graves !
Je pense que cette incroyable épidémie nous montre combien nous sommes fragiles et que nous devons être solidaires et attentifs les uns aux autres et non dans le jugement ou la condamnation.
RM Schmid